La chasse aux fuites d’air (2), un exercice pratique
Petit exercice pour ceux qui n’habitent pas une maison toute neuve…
On va présenter le résultat d’un exercice de recherche des fuites d’air, une application des principes développés dans le premier papier sur les étanchéités, qui est à lire avant celui-ci. On rappelle ici que la question des étanchéités est un point essentiel de la RT 2012. La mesure de la perméabilité de l’enveloppe doit faire l’objet d’un test d’étanchéité avec un dispositif de mise en dépression qui doit être mis en oeuvre par un organisme agréé.
On n’est pas dans ce cas ici. La maison en question n’a fait l’objet d’aucune certification et on ne dispose d’aucun dispositif de mise en dépression. On va simplement utiliser la hotte aspirante de la cuisine qui dispose d’un circuit d’extraction vers l’extérieur de la maison. On notera d’ailleurs que les hottes aspirantes avec circuit d’extraction sont proscrites dans la RT 2012. Les hottes doivent fonctionner en recirculation avec un système de filtrage pour être certifiées. Certains penseront peut-être que c’est dommage…
On va le voir, la procédure utilisée va permettre d’identifier quelques points de passage qui m’ont un peu surpris, qui n’étaient pas ceux que j’attendais.
Conditions de l’essai
– La température extérieure doit être la plus basse possible (ici, on a température normale d’une nuit de janvier, entre 0 et 2°c)
– une maison à l‘équilibre thermique avec des murs intérieurs bien chauffés.
– mise en service la hotte à vitesse maximale pour mettre la maison en dépression.
– toutes les portes intérieures sont ouvertes, sauf celle qui conduit à l’étage (combles) et celle qui conduit au garage qui a classiquement des portes basculantes en acier volontairement non étanches.
– balayage de l’ensemble de la surface des murs donnant vers l’extérieur avec la caméra thermique – voir ici et ici (ça permet de gagner beaucoup de temps, mais on peut éventuellement s’en passer).
On a alors identifié plusieurs points de passage intéressants :
-
- liaison entre les cadre des portes et fenêtres et l’habillage des murs en placoplâtre
- prises et interrupteurs encastrés dans les isolations des murs extérieurs
- jointure des portes intérieures donnant sur les comble et le garage
- serrures
en revanche d’autres points de fuite supposés se sont avérés bien étanches :
– étanchéité globale des portes, baies et fenêtres donnant sur l’extérieur (présence d’un joint polymère)
– conduit de fumée condamné sommairement et pourtant bien étanche
– clapet de ventilation de la SdB étanche lui aussi.
Enfin, après avoir identifié grossièrement les points de fuite avec la caméra, on utilise ensuite la méthode du… « doigt mouillé », qui fonctionne en fait très bien. Le dos de la main (celui qu’on utilise pour tester la température des biberons), est très efficace lui aussi, en le mouillant légèrement. C’est un moyen très efficace de localisation des fuites.
Il ne reste plus ensuite qu’ a colmater avec du reboucheur ou du silicone selon les cas.
Reste la question des prises encastres. On peut les remplir avec de la laine de roche, mais il faut se méfier des défauts d’isolement éventuels s’il y a de l’humidité. Une meilleure solution doit être recherchée.
Maintenant la question que tout le monde se pose : quels sont les résultats quantitatifs sur la consommation et le confort ressenti ? Pour avoir des chiffres il faudra attendre un peu le temps de faire des relevés fiables. A suivre, donc. Mais ce que l’on sait, c’est qu’un tout petit défaut d’étanchéité peut être à l’origine d’une forte surconsommation.
Illustration : quelques clichés pris avec la caméra thermique.
Image 1 . défaut d’étanchéité entre le cadre d’une baie vitrée en PVC et le revêtement intérieur en placo platre. La caméra mesure localement une température de 10°c. On voit aussi une petite fuite au niveau de la serrure. La baie, elle, est bien étanche.
Image 2. Défaut d’étanchéité au niveau de joint d’une porte conduisant aux combles. On constate aussi un passage d’air par la serrure à clef cylindrique.
Figure 3. petite fuite en haut d’une porte conduisant au garage. Défaut dans le joint d’étanchéité qui a été posé autour de la porte.
Figure 4. Encore un défaut d’étanchéité entre le cadre PVC d’une fenêtre et l’habillage placoplatre. Là encore, la fenêtre est étanche.
Figure 5. Prise encastrée dans l’isolation d’un mur extérieur. l’air frais provient des gaines mais aussi de l’espace entre l’insolation en polystyrène et les agglo béton.
Figure 6, cas de l’interrupteur qui commande un éclairage extérieur, lequel est juste de l’autre coté du mur. L’air frais passe directement par les gaines.
Figure 7. Photo du même interrupteur qui a été démonté avant de combler les gaines avec de la laine de roche. La camera mesure une température de 9°c.
Bonjour,
Et merci pour ce petit exercice à faire à la maison 🙂
Je me permets également de lister les points faibles récurrents que j’ai repéré au cours de mes projets, en terme d’étanchéité à l’air (si cela peut donner des idées à certains pour investiguer leur maison…° :
-1 Les passages d’équipements électriques ! Le gros point noir. Vérifiez les prises, interrupteurs, passage de câble à travers les cloisons….
2-Les passages de tuyauterie à travers les parois. Colmatez si nécessaire.
(et en conception : évitez de faire passer les tuyaux trop souvent à travers les murs !)
3-connexion entre menuiseries et mur : il existe toujours un espace entre les 2, qui est plus ou moins important…. à vérifier et corriger
Si chez vous, vous savez vérifier – et corriger – ces 3 points, vous avez déjà fait de belles économies d’énergie à moindre frais 🙂
Julien